les espaces insécables supplémentaires ou particulières (hormi celles des ponctuations)
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les espaces insécables supplémentaires ou particulières (hormi celles des ponctuations)
tiré de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
c'est mieux sur le site car il y a des couleurs;
Utiliser correctement les espaces insécables (c'est pas si facile)
Site web de Lizzie Crowdagger
Aujourd'hui, nous allons parler de ce qui est un peu ma nemesis du moment : les espaces insécables.
Une espace insécable, c'est quoi ?
Une – oui, on dit « une » espace pour parler du caractère — espace insécable, comme son nom l'indique, c'est une espace qu'on ne peut pas couper. Pour être plus explicite, ça veut dire qu'on ne peut pas remplacer cette espace par un retour à la ligne. Une espace insécable, ça sert donc, essentiellement, à ne pas se retrouver avec des caractères comme '?', '!' ou ':' qui se retrouvent disgracieusement en début de ligne. Ou pour éviter qu'un nombre comme '10 000' se retrouve coupé en deux, avec '10' d'un côté et '000'.
Les mauvaises langues pourraient me dire :
— Hé, sinon, plutôt que de se casser le derrière à gérer des espaces insécables, on pourrait faire comme d'autres langues : juste, ne pas utiliser d'espaces devant ces caractères, et les coller au mot qui les précède, non ? Fastoche !
Ce à quoi je répondrais, dépitée :
— Ben, non ce serait trop simple, ça n'irait pas beaucoup avec la langue française.
Les règles
Si vous vous intéressez un peu à l'écriture et à la typographie vous connaissez peut-être déjà les règles de base. On doit mettre une espace insécable dans les cas suivants :
avant '?', '!', ';', ':' ;
après un guillemet ouvrant '«' et avant un guillemet fermant '»' ;
après un tiret cadratin '—' ouvrant un dialogue ;
au milieu d'un nombre '10 000' ou entre un nombre et un symbole monétaire, un signe %, etc. : '10 €', ' 20 %' ;
après un tiret d'incise ouvrant — les tirets d'incises, c'est ça — mais avant un tiret d'incise fermant.
J'oublie peut-être des règles (n'hésitez pas à me le signaler), mais je crois que c'est quand même l'essentiel.
(J'ai lu des choses contradictoires sur le bon usage des espaces insécables pour les tirets d'incises, certains préconisant de toujours mettre une espace insécable avant (y compris, donc, pour une incise ouvrante). Pourquoi pas (ça réglerait certains soucis, voire ci-dessous), mais comme j'ai tendance à considérer les incises délimitées par des tirets comme un équivalent des parenthèses ou des guillemets, il me semble plus cohérent de suivre la même logique et de « coller » les tirets au contenu qu'ils délimitent.)
Oui mais...
Tout cela peut paraître simple. Enfin, relativement, ça peut déjà être assez pénible quand on doit insérer ces espaces à la main, surtout que selon l'éditeur de texte, la distinction entre espace sécable et insécable ne se fait pas toujours bien à l'œil nu.
Le truc, c'est qu'il y n'y a pas que le fait d'être sécable ou insécable, il y a aussi plusieurs largeurs d'espaces (comme le montrent ces petits blocs de couleur vaguement bleue (grise ?), orange ou rouge que vous pouvez apercevoir en background de certaines espaces depuis le début de cet article).
Espace sécable
Revenons deux secondes à notre espace de base, celle qu'on utilise tout le temps avec cette grosse touche au milieu de notre clavier. Son caractère unicode (ou ASCII, d'ailleurs) est '0x20' (c'est pour ça que vous voyez parfois des '%20' dans les URL de votre navigateur) ; elle est aussi parfois appelée « espace-mot ».
Espace insécable
Ensuite, il y a l'espace insécable « de base » qui a le caractère unicode '0xA0'. Comme l'explique Wikipédia, elle est « de même chasse que l'espace-mot ordinaire (sécable), et qui en typographie numérique est justifiante ».
Donc c'est comme une espace habituelle, mais on ne peut pas la couper par un retour à la ligne. « Justifiante », au passage, ça veut dire que la taille de l'espace telle qu'elle sera affichée sera variable lorsque le texte est justifié : elle sera plus étroite s'il faut faire rentrer un long mot à la fin de la ligne, et plus large si celui-ci est finalement relégué à la ligne du dessous.
Dans ce document, pour les rendre un peu plus distinguables, les espaces insécables sont affichées avec un fond légèrement orangé.
Espace fine insécable
Il y a aussi une espace insécable fine, qui a le caractère unicode '0x202F'. Comme son nom l'indique, elle est plus petite que l'espace insécable « normale ». C'est normalement elle qui doit être utilisée avant un point-virgule, un point d'interrogation ou un point d'exclamation. Ça vous paraît peut-être une règle tirée du chapeau ? En fait, ça a quand même pas mal de sens, puisque ça évite de trop démarquer ces signes de ponctuation du mot qui les précède. Je trouve en tout cas que ça rend le texte un peu plus lisible, mais c'est évidemment un côté discutable.
C'est aussi elle qui doit être utilisée pour séparer des groupes de chiffres (dans un grand nombre, un numéro de téléphone — 0800 666 666, par exemple —, etc.). Là aussi, je trouve que ça a du sens : un espace trop grand pourrait laisser croire qu'il s'agit de deux nombres distincts, alors qu'il s'agit en fait d'un seul numéro.
Dans ce document, les espaces fines insécables sont affichées avec un fond légèrement bleuté.
Cadratin
Vu qu'on va parler des tailles, introduisons la notion de cadratin. Le mot anglais est em, car il fait la taille de la lettre M. Ce mot vous dit peut-être déjà quelque chose si vous connaissez les tirets cadratins '—' et semi-cadratins '–' ; à la base, le terme désigne pourtant une espace (« cadratin » vient du latin quadratus, « carré », et désignait à l'origine le lingot de métal plus bas que les autres que les typographes mettaient pour insérer un blanc).
Un cadratin est donc une espace insécable qui fait la taille d'un M (c'est assez large). Un demi-cadratin est deux fois plus petite.
Ces deux espaces, contrairement aux deux mentionnés ci-dessus, ne sont pas justifiables : ils ont une chasse fixe, c'est-à-dire qu'ils font toujours la même taille. Ça en fait donc des éléments de choix pour utiliser en début de dialogue, pour s'assurer que le texte soit toujours aligné.
— Pourquoi ?
— Parce que, sans ça, si le logiciel qui fait l'affichage (votre navigateur Web dans ce cas précis) veut justifier le dialogue, il pourrait être tenté de « rogner » ou d'élargir l'espace après le tiret d'ouverture du dialogue, qui ne serait plus aligné.
— Ah oui, au moins, avec le cadratin, c'est propre, c'est carré.
— Oui, d'ailleurs étymologiquement ça vient du latin cadratus, carré. Ça doit être pour ça.
En pratique, le cadratin est vraiment grand, donc même si je n'ai pas trouvé un vrai guide officiel sur ce qu'il fallait faire, j'ai décidé d'opter dans ce cas là pour le demi-cadratin, c'est-à-dire le caractère unicode '0x2002'.
Dans ce document, les demi-cadratins sont affichés avec un fond tendant vers le rouge.
Les règles (nouvelle version)
Il y d'autres types d'espaces, mais déjà avec ces trois-là (espace insécable, espace fine insécable, et demi-cadratin), on peut affiner un peu les règles présentées au début :
'?', '!', ';' seront précédés d'une espace fine insécable ;
':' sera précédé d'une espace insécable « normale », un peu plus large ;
au milieu d'un nombre, on mettra une espace fine insécable ; après un tiret d'incise ouvrant et avant un tiret d'incise fermant, on mettra une espace insécable.
Pour les points précédents, ça correspond aux recommendations que j'ai pu trouver (mis à part, donc, pour les tirets semi-cadratins, pour lesquels j'ai lu des choses contradictoires) et qui m'ont l'air à peu près cohérentes. Pour les tirets et les guillemets de dialogue, j'ai trouvé moins de choses probantes, mais j'ai opté pour les règles suivantes :
après un tiret cadratin '—' ouvrant un dialogue, mettre un demi-cadratin (comme espace, pas un tiret demi-cadratin en plus du tiret cadratin), qui permet d'aligner les répliques et n'est pas trop énorme non plus ;
pour des guillemets de dialogue, mettre une espace insécable (on aurait pu penser à un demi-cadratin pour l'ouverture, mais ça ne permettrait de toute façon pas l'alignement avec les tirets cadratins qui seront probablement utilisés dans les lignes suivantes, et il serait logique que le tiret fermant ait un espace équivalent au guillemet ouvrant, hors un demi-cadratin est un peu grand dans ce contexte) ;
pour des « guillemets » qui ne sont pas de dialogue ou de citation et servent juste à délimiter un ou deux mots, plutôt mettre des espaces fines insécables, pour éviter que ça crée de gros trous.
Automatiser tout ça
Le truc, c'est qu'insérer manuellement toutes ces espaces, c'est la plaie. Autant, avec juste la distinction espace sécable/insécable, il y avait moyen de s'en sortir (avec une disposition clavier qui le permet et un éditeur qui affiche les espaces insécables différemment), autant là ce n'est plus possible de faire ça manuellement. Surtout qu'on finit toujours par se planter, et avoir un dialogue qui commence par une espace fine riquiqui alors que d'habitude c'est un demi-cadratin sera finalement une erreur plus visible que d'utiliser une espace sécable au lieu d'une insécable.
C'est ce qui m'a motivée à développer le logiciel Crowbook : je voulais pouvoir écrire (au format Markdown) sans me soucier de ça et qu'un programme s'occupe de cette partie chiante. Malheureusement, les logiciels existants ne géraient pas forcément les spécificités de la langue française (du moins pour du format HTML ou EPUB ; en passant par LaTeX avec l'extension Babel, on a un résultat typographique correct pour de l'impression).
(Au départ, ça devait juste être un petit script qui nettoyait un fichier texte, et c'est devenu un projet beaucoup peu plus conséquent dans lequel j'ai investi beaucoup plus de temps que ce que j'aurais cru, mais c'est une autre histoire.)
Malheureusement, c'est plus compliqué que ça n'en a l'air.
Facile : la ponctuation double
Il y a des aspects faciles : repérer les signes de ponctuation double ('?', '!', ';' et ':') et insérer une espace insécable (fine pour les trois premiers et pas pour le dernier) devant, c'est assez trivial.
Et le bon côté, c'est que pour l'écriture d'un roman, c'est sans doute ce que l'on voit le plus, finalement. À part peut-être l'aspect « dialogues ».
Facile ? les dialogues
Passons donc à ceux-ci. Gérer le tiret cadratin qui ouvre un dialogue est trivial, surout que l'ouverture d'un dialogue par un tiret cadratin se fait toujours au début d'un paragraphe.
En ce qui concerne les guillemets, cela pourrait être facile (il y a deux guillemets bien différents '«' et '»', on sait de quel côté il faut mettre l'espace insécable), si je ne m'étais pas mis en tête de séparer les guillemets de dialogue ou de citation (où il faut mettre une espace insécable) avec des guillemets autour d'un ou deux mots (où il faut mettre une espace fine insécable).
Cela dit, il suffit de quelques heuristiques pour régler le problème :
si un guillemet ouvrant est en début de paragraphe, c'est probablement une forme de dialogue, on met donc une espace sécable, on repère le guillemet fermant, et on lui colle une espace sécable aussi ;
sinon, lorsqu'on tombe sur un guillemet ouvrant, on cherche le prochain guillemet fermant, et on compte bêtement le nombre de lettres qui les sépare. Si c'est « beaucoup », c'est un dialogue ou une citation, alors on met une espace insécable, si c'est « pas beaucoup », on met une espace fine. J'ai arbitrairement placé la limite entre « beaucoup » et « pas beaucoup » à 28 caractères (de quoi utiliser des espaces fines pour « anticonstitutionnellement », mais pas un caractère de plus).
Pas si facile : les chiffres
Pour ce qui est de l'utilisation d'espaces fines insécables au milieu de chiffres qui constituent un nombre ou un numéro, c'est également assez trivial : en gros, tant que c'est des chiffres on met des espaces fines insécables au milieu. No problem.
Ce qui se complique, c'est quand on veut gérer des espaces insécables devant des unités : 25 €, 5 $, 10 USD, 20 km, 25 °C, etc. J'ai opté pour une règle un peu pifométrique :
si c'est juste un symbole spécial et qu'il n'y a qu'un caractère avant le prochain espace, a priori pas trop de questions à se poser, on met une espace fine insécable ;
si c'est en majuscules et trois lettres maximum, on part du principe que c'est l'abbréviation d'une monnaie et on met aussi une espace fine insécable ;
si c'est deux lettres maximum, on part du principe que c'est l'abbréviation d'une unité et on met, encore, une espace fine insécable.
Il y aurait moyen de pousser un peu plus loin : par exemple, si je dis « 5 euros », on pourrait se dire qu'il serait bien d'éviter de séparer par un retour à la ligne '5' et 'euros'. Ça marche aussi pour 12 concombres, le 5 novembre, etc. Par contre, dans certains cas, le chiffre devrait plutôt être « attaché » au mot précédent : « Rambo 2 », ou encore « Benoît XVI ». Ah, tiens, d'ailleurs dans ce dernier cas, on voit qu'il faudrait aussi faire un cas à part pour gérer les chiffres romains... Bref, autant de choses qui ne sont pas spécialement gérées, et à vrai dire pas facilement gérables : arriver à distinguer entre « j'ai vu Fast & Furious 6 fois » et « j'ai vu Fast & Furious 6 et c'était bien » demande de l'analyse syntaxique un peu plus poussée. Donc de fait, actuellement, ce programme se plante à des moments, là par exemple il pense que « 6 et » c'est une unité et qu'il faut mettre une espace insécable fine là, alors que le '6' est rattaché à « Fast & Furious ».
Les incises avec tiret
Le dernier point qui est assez compliqué à gérer, c'est les incises avec tiret. Le problème évident, c'est que lorsqu'on voit un tiret demi cadratin '—' (ou un tiret en général entouré d'espaces, puisque des fois '—' et '-' sont aussi utilisés dans ce rôle) on ne peut pas (contrairement aux guillemets, par exemple) deviner sans contexte si c'est l'ouverture ou la fermeture d'une incise. On pourrait penser qu'il suffirait de compter les tirets : un ouvrant, un fermant, un ouvrant, un fermant, etc., mais parfois, une incise n'est pas refermée par un tiret — comme en fin de phrase. Le problème est, encore une, fois qu'il est dur de trouver des règles simples qui marchent à tous coups — repérer un point n'est pas suffisant, M. le petit malin ! — et qu'au final avoir une règle universelle nécessiterait de l'analyse syntaxique assez poussée – ce qui va au-delà des prétentions de mon logiciel. Je me suis au final basée, là encore, sur une heuristique « simple » :
Lorsqu'on repère le premier tiret, on suppose qu'il est ouvrant, et on insère une espace insécable derrière.
On avance alors dans le texte, et on cherche soit un tiret fermant, soit les signes de ponctuation ., !, et ?.
Si on repère un tiret fermant avant d'avoir repéré une fin de phrase, on insère une espace insécable avant celui-ci.
Si c'est un point d'interrogation ou d'exclamation, on regarde si le prochain caractère alphabétique est une majuscule, et si c'est le cas, on suppose qu'il s'agit bien de la fin de la phrase — on n'a donc pas à chercher le tiret « fermant ». Sinon, on continue à chercher.
Si c'est un point, on regarde si le prochain caractère est une majuscule. Si c'est le cas, alors on regarde le mot précédent :
Si celui-ci commence par une minuscule, on suppose que c'est un mot normal et donc une fin de phrase, on peut arrêter de chercher un tiret fermant.
S'il commence pas une majuscule, on regarde la taille du mot pour voir s'il peut s'agir d'une abréviation. Là encore, c'est une limite assez arbitraire, que j'ai fixée à 3, pour pouvoir inclure par exemple « Mme. » mais a priori exclure la majorité des noms propres (quoique la mode des prénoms courts ne m'aide pas sur ce coup-là). Si on décide qu'il s'agit d'une abréviation, on continue, sinon on a repéré la fin de la phrase et on s'arrête là.
Là encore, cet algorithme est loin d'être parfait, et on pourrait envisager d'autres solutions, la plus simple étant de repérer les abréviations dans une liste d'abréviations populaires. Ça marcherait aussi pour les unités (pour les nombres), mais le problème de cette approche, c'est qu'on s'écarte d'une heuristique simple pour rentrer dans une liste à rallonge d'exceptions et d'exceptions aux exceptions.
(L'approche consistant à toujours mettre une espace insécable avant le tiret a le mérite de régler le problème et de rendre la chose triviale. Cela dit, pour rendre les choses plus faciles, on peut aussi arrêter d'utiliser ces parenthèses du pauvre et utiliser de vraies parenthèses, où il n'y a pas d'espace insécable à gérer, toujours une fermante pour une ouvrante, et où en plus (et ça c'est ce que je préfère avec les parenthèses (si c'est votre cas aussi, je vous invite à découvrir Lisp) on peut les imbriquer. Mais bon, il y a des gens qui utilisent toujours des tirets demi-cadratins à la place, alors il faut bien le gérer.))
Conclusion
Voilà, tout ça pour dire qu'essayer d'avoir un rendu typographique à peu près correct, ce n'est pas facile. Bien sûr, un logiciel ne fera jamais aussi bien qu'un·e expert·e qui insérerait les bons caractères à la main avec minutie, mais je pense néanmoins que dans la majorité des cas, un logiciel peut faire mieux que quelqu'un qui n'est pas expert·e dans le domaine ou n'a pas l'énergie de rentrer lui ou elle-même les bons caractères insécables.
Évidemment, des fois le logiciel se plante, et les motivé·e·s pourront s'amuser à regarder dans cette page les erreurs qu'il a commises. Cela dit, dans une utilisation normale (sans afficher des couleurs différentes pour les différentes sortes d'espaces), le bon côté des erreurs avec des espaces insécables, c'est que ça a des chances de ne pas trop se voir : si l'espace avant ce précédent « deux points » était, par erreur, sécable, il y aurait encore de bonnes chances pour que ça tombe en milieu de ligne et que ça puisse passer à trav'.
Je tiens à préciser que je ne suis pas une experte en typographie : toute cette « aventure » a commencé quand j'ai découvert l'existence des espaces fines insécables sur un forum d'écrivain·e·s, et que je me suis dit :
« Youpi, je vais pouvoir rendre mes livres plus jolis !
— Ah, euh, merde, ça va être chiant d'insérer tout ça manuellement, quand même...
— Allez, j'ai qu'à coder un truc vite fait, ça me prendra pas longtemps... »
Donc voilà, tout ça pour dire que s'il y a des choses qui vous paraissent erronées dans les règles que j'ai présentées, n'hésitez pas à me le signaler.
Et si vous avez envie de jouer avec Crowbook, c'est ici.
Post-scriptum : avoir un rendu portable des espaces fines insécables
Après avoir publié cet article, quelqu'un m'a fait remarquer que les espaces fines insécables ne s'affichait pas correctement chez lui. Oups. Après avoir enquêté un peu, j'ai réalisé que ce problème semblait partagé par l'ensemble des navigateurs sous Mac, et j'imagine que c'est une histoire de polices qui n'incluent pas ce caractère.
Donc, que faire ? Virer purement et simplement ces espaces trop compliquées à gérer ? Un peu triste, tout de même. J'ai fini par trouver une alternative, en utilisant l'entité HTML  , qui est une espace fine et qui a priori est mieux reconnue. Seul souci, elle n'est pas insécable, ce qui perd un peu l'intérêt de la chose (on se rappelle que le but était d'éviter des ? ou ! orphelins en début de ligne). Heureusement, il suffit d'ajouter un peu de CSS pour dire qu'en fait, si, là c'est insécable :
<span style = "white-space: nowrap;"> </span>
Et voilà, ça marche, fabuleux. Sauf que, il vaudrait quand même mieux mettre le code unicode :
<span style = "white-space: nowrap;"> </span>
parce que, sinon, la version EPUB ne va plus être valide (l'entité   n'est pas valide en XHTML). Et en plus de ne pas être valide, en tout cas sur ma Kobo, ça fait planter l'affichage assez sévèrement. Donc, à éviter.
(Une alternative à ce remplacement des espaces fines insécables pourrait être d'inclure des polices dont on est sûre qu'elle inclut bien tous ces caractères, avec la directive CSS font-face. Cela dit, pour un fichier EPUB (qui doit intégrer ces polices dans le fichier et pas pointer vers un lien externe), ça veut dire l'alourdir considérablement, donc autant éviter.)
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c'est mieux sur le site car il y a des couleurs;
Utiliser correctement les espaces insécables (c'est pas si facile)
Site web de Lizzie Crowdagger
Aujourd'hui, nous allons parler de ce qui est un peu ma nemesis du moment : les espaces insécables.
Une espace insécable, c'est quoi ?
Une – oui, on dit « une » espace pour parler du caractère — espace insécable, comme son nom l'indique, c'est une espace qu'on ne peut pas couper. Pour être plus explicite, ça veut dire qu'on ne peut pas remplacer cette espace par un retour à la ligne. Une espace insécable, ça sert donc, essentiellement, à ne pas se retrouver avec des caractères comme '?', '!' ou ':' qui se retrouvent disgracieusement en début de ligne. Ou pour éviter qu'un nombre comme '10 000' se retrouve coupé en deux, avec '10' d'un côté et '000'.
Les mauvaises langues pourraient me dire :
— Hé, sinon, plutôt que de se casser le derrière à gérer des espaces insécables, on pourrait faire comme d'autres langues : juste, ne pas utiliser d'espaces devant ces caractères, et les coller au mot qui les précède, non ? Fastoche !
Ce à quoi je répondrais, dépitée :
— Ben, non ce serait trop simple, ça n'irait pas beaucoup avec la langue française.
Les règles
Si vous vous intéressez un peu à l'écriture et à la typographie vous connaissez peut-être déjà les règles de base. On doit mettre une espace insécable dans les cas suivants :
avant '?', '!', ';', ':' ;
après un guillemet ouvrant '«' et avant un guillemet fermant '»' ;
après un tiret cadratin '—' ouvrant un dialogue ;
au milieu d'un nombre '10 000' ou entre un nombre et un symbole monétaire, un signe %, etc. : '10 €', ' 20 %' ;
après un tiret d'incise ouvrant — les tirets d'incises, c'est ça — mais avant un tiret d'incise fermant.
J'oublie peut-être des règles (n'hésitez pas à me le signaler), mais je crois que c'est quand même l'essentiel.
(J'ai lu des choses contradictoires sur le bon usage des espaces insécables pour les tirets d'incises, certains préconisant de toujours mettre une espace insécable avant (y compris, donc, pour une incise ouvrante). Pourquoi pas (ça réglerait certains soucis, voire ci-dessous), mais comme j'ai tendance à considérer les incises délimitées par des tirets comme un équivalent des parenthèses ou des guillemets, il me semble plus cohérent de suivre la même logique et de « coller » les tirets au contenu qu'ils délimitent.)
Oui mais...
Tout cela peut paraître simple. Enfin, relativement, ça peut déjà être assez pénible quand on doit insérer ces espaces à la main, surtout que selon l'éditeur de texte, la distinction entre espace sécable et insécable ne se fait pas toujours bien à l'œil nu.
Le truc, c'est qu'il y n'y a pas que le fait d'être sécable ou insécable, il y a aussi plusieurs largeurs d'espaces (comme le montrent ces petits blocs de couleur vaguement bleue (grise ?), orange ou rouge que vous pouvez apercevoir en background de certaines espaces depuis le début de cet article).
Espace sécable
Revenons deux secondes à notre espace de base, celle qu'on utilise tout le temps avec cette grosse touche au milieu de notre clavier. Son caractère unicode (ou ASCII, d'ailleurs) est '0x20' (c'est pour ça que vous voyez parfois des '%20' dans les URL de votre navigateur) ; elle est aussi parfois appelée « espace-mot ».
Espace insécable
Ensuite, il y a l'espace insécable « de base » qui a le caractère unicode '0xA0'. Comme l'explique Wikipédia, elle est « de même chasse que l'espace-mot ordinaire (sécable), et qui en typographie numérique est justifiante ».
Donc c'est comme une espace habituelle, mais on ne peut pas la couper par un retour à la ligne. « Justifiante », au passage, ça veut dire que la taille de l'espace telle qu'elle sera affichée sera variable lorsque le texte est justifié : elle sera plus étroite s'il faut faire rentrer un long mot à la fin de la ligne, et plus large si celui-ci est finalement relégué à la ligne du dessous.
Dans ce document, pour les rendre un peu plus distinguables, les espaces insécables sont affichées avec un fond légèrement orangé.
Espace fine insécable
Il y a aussi une espace insécable fine, qui a le caractère unicode '0x202F'. Comme son nom l'indique, elle est plus petite que l'espace insécable « normale ». C'est normalement elle qui doit être utilisée avant un point-virgule, un point d'interrogation ou un point d'exclamation. Ça vous paraît peut-être une règle tirée du chapeau ? En fait, ça a quand même pas mal de sens, puisque ça évite de trop démarquer ces signes de ponctuation du mot qui les précède. Je trouve en tout cas que ça rend le texte un peu plus lisible, mais c'est évidemment un côté discutable.
C'est aussi elle qui doit être utilisée pour séparer des groupes de chiffres (dans un grand nombre, un numéro de téléphone — 0800 666 666, par exemple —, etc.). Là aussi, je trouve que ça a du sens : un espace trop grand pourrait laisser croire qu'il s'agit de deux nombres distincts, alors qu'il s'agit en fait d'un seul numéro.
Dans ce document, les espaces fines insécables sont affichées avec un fond légèrement bleuté.
Cadratin
Vu qu'on va parler des tailles, introduisons la notion de cadratin. Le mot anglais est em, car il fait la taille de la lettre M. Ce mot vous dit peut-être déjà quelque chose si vous connaissez les tirets cadratins '—' et semi-cadratins '–' ; à la base, le terme désigne pourtant une espace (« cadratin » vient du latin quadratus, « carré », et désignait à l'origine le lingot de métal plus bas que les autres que les typographes mettaient pour insérer un blanc).
Un cadratin est donc une espace insécable qui fait la taille d'un M (c'est assez large). Un demi-cadratin est deux fois plus petite.
Ces deux espaces, contrairement aux deux mentionnés ci-dessus, ne sont pas justifiables : ils ont une chasse fixe, c'est-à-dire qu'ils font toujours la même taille. Ça en fait donc des éléments de choix pour utiliser en début de dialogue, pour s'assurer que le texte soit toujours aligné.
— Pourquoi ?
— Parce que, sans ça, si le logiciel qui fait l'affichage (votre navigateur Web dans ce cas précis) veut justifier le dialogue, il pourrait être tenté de « rogner » ou d'élargir l'espace après le tiret d'ouverture du dialogue, qui ne serait plus aligné.
— Ah oui, au moins, avec le cadratin, c'est propre, c'est carré.
— Oui, d'ailleurs étymologiquement ça vient du latin cadratus, carré. Ça doit être pour ça.
En pratique, le cadratin est vraiment grand, donc même si je n'ai pas trouvé un vrai guide officiel sur ce qu'il fallait faire, j'ai décidé d'opter dans ce cas là pour le demi-cadratin, c'est-à-dire le caractère unicode '0x2002'.
Dans ce document, les demi-cadratins sont affichés avec un fond tendant vers le rouge.
Les règles (nouvelle version)
Il y d'autres types d'espaces, mais déjà avec ces trois-là (espace insécable, espace fine insécable, et demi-cadratin), on peut affiner un peu les règles présentées au début :
'?', '!', ';' seront précédés d'une espace fine insécable ;
':' sera précédé d'une espace insécable « normale », un peu plus large ;
au milieu d'un nombre, on mettra une espace fine insécable ; après un tiret d'incise ouvrant et avant un tiret d'incise fermant, on mettra une espace insécable.
Pour les points précédents, ça correspond aux recommendations que j'ai pu trouver (mis à part, donc, pour les tirets semi-cadratins, pour lesquels j'ai lu des choses contradictoires) et qui m'ont l'air à peu près cohérentes. Pour les tirets et les guillemets de dialogue, j'ai trouvé moins de choses probantes, mais j'ai opté pour les règles suivantes :
après un tiret cadratin '—' ouvrant un dialogue, mettre un demi-cadratin (comme espace, pas un tiret demi-cadratin en plus du tiret cadratin), qui permet d'aligner les répliques et n'est pas trop énorme non plus ;
pour des guillemets de dialogue, mettre une espace insécable (on aurait pu penser à un demi-cadratin pour l'ouverture, mais ça ne permettrait de toute façon pas l'alignement avec les tirets cadratins qui seront probablement utilisés dans les lignes suivantes, et il serait logique que le tiret fermant ait un espace équivalent au guillemet ouvrant, hors un demi-cadratin est un peu grand dans ce contexte) ;
pour des « guillemets » qui ne sont pas de dialogue ou de citation et servent juste à délimiter un ou deux mots, plutôt mettre des espaces fines insécables, pour éviter que ça crée de gros trous.
Automatiser tout ça
Le truc, c'est qu'insérer manuellement toutes ces espaces, c'est la plaie. Autant, avec juste la distinction espace sécable/insécable, il y avait moyen de s'en sortir (avec une disposition clavier qui le permet et un éditeur qui affiche les espaces insécables différemment), autant là ce n'est plus possible de faire ça manuellement. Surtout qu'on finit toujours par se planter, et avoir un dialogue qui commence par une espace fine riquiqui alors que d'habitude c'est un demi-cadratin sera finalement une erreur plus visible que d'utiliser une espace sécable au lieu d'une insécable.
C'est ce qui m'a motivée à développer le logiciel Crowbook : je voulais pouvoir écrire (au format Markdown) sans me soucier de ça et qu'un programme s'occupe de cette partie chiante. Malheureusement, les logiciels existants ne géraient pas forcément les spécificités de la langue française (du moins pour du format HTML ou EPUB ; en passant par LaTeX avec l'extension Babel, on a un résultat typographique correct pour de l'impression).
(Au départ, ça devait juste être un petit script qui nettoyait un fichier texte, et c'est devenu un projet beaucoup peu plus conséquent dans lequel j'ai investi beaucoup plus de temps que ce que j'aurais cru, mais c'est une autre histoire.)
Malheureusement, c'est plus compliqué que ça n'en a l'air.
Facile : la ponctuation double
Il y a des aspects faciles : repérer les signes de ponctuation double ('?', '!', ';' et ':') et insérer une espace insécable (fine pour les trois premiers et pas pour le dernier) devant, c'est assez trivial.
Et le bon côté, c'est que pour l'écriture d'un roman, c'est sans doute ce que l'on voit le plus, finalement. À part peut-être l'aspect « dialogues ».
Facile ? les dialogues
Passons donc à ceux-ci. Gérer le tiret cadratin qui ouvre un dialogue est trivial, surout que l'ouverture d'un dialogue par un tiret cadratin se fait toujours au début d'un paragraphe.
En ce qui concerne les guillemets, cela pourrait être facile (il y a deux guillemets bien différents '«' et '»', on sait de quel côté il faut mettre l'espace insécable), si je ne m'étais pas mis en tête de séparer les guillemets de dialogue ou de citation (où il faut mettre une espace insécable) avec des guillemets autour d'un ou deux mots (où il faut mettre une espace fine insécable).
Cela dit, il suffit de quelques heuristiques pour régler le problème :
si un guillemet ouvrant est en début de paragraphe, c'est probablement une forme de dialogue, on met donc une espace sécable, on repère le guillemet fermant, et on lui colle une espace sécable aussi ;
sinon, lorsqu'on tombe sur un guillemet ouvrant, on cherche le prochain guillemet fermant, et on compte bêtement le nombre de lettres qui les sépare. Si c'est « beaucoup », c'est un dialogue ou une citation, alors on met une espace insécable, si c'est « pas beaucoup », on met une espace fine. J'ai arbitrairement placé la limite entre « beaucoup » et « pas beaucoup » à 28 caractères (de quoi utiliser des espaces fines pour « anticonstitutionnellement », mais pas un caractère de plus).
Pas si facile : les chiffres
Pour ce qui est de l'utilisation d'espaces fines insécables au milieu de chiffres qui constituent un nombre ou un numéro, c'est également assez trivial : en gros, tant que c'est des chiffres on met des espaces fines insécables au milieu. No problem.
Ce qui se complique, c'est quand on veut gérer des espaces insécables devant des unités : 25 €, 5 $, 10 USD, 20 km, 25 °C, etc. J'ai opté pour une règle un peu pifométrique :
si c'est juste un symbole spécial et qu'il n'y a qu'un caractère avant le prochain espace, a priori pas trop de questions à se poser, on met une espace fine insécable ;
si c'est en majuscules et trois lettres maximum, on part du principe que c'est l'abbréviation d'une monnaie et on met aussi une espace fine insécable ;
si c'est deux lettres maximum, on part du principe que c'est l'abbréviation d'une unité et on met, encore, une espace fine insécable.
Il y aurait moyen de pousser un peu plus loin : par exemple, si je dis « 5 euros », on pourrait se dire qu'il serait bien d'éviter de séparer par un retour à la ligne '5' et 'euros'. Ça marche aussi pour 12 concombres, le 5 novembre, etc. Par contre, dans certains cas, le chiffre devrait plutôt être « attaché » au mot précédent : « Rambo 2 », ou encore « Benoît XVI ». Ah, tiens, d'ailleurs dans ce dernier cas, on voit qu'il faudrait aussi faire un cas à part pour gérer les chiffres romains... Bref, autant de choses qui ne sont pas spécialement gérées, et à vrai dire pas facilement gérables : arriver à distinguer entre « j'ai vu Fast & Furious 6 fois » et « j'ai vu Fast & Furious 6 et c'était bien » demande de l'analyse syntaxique un peu plus poussée. Donc de fait, actuellement, ce programme se plante à des moments, là par exemple il pense que « 6 et » c'est une unité et qu'il faut mettre une espace insécable fine là, alors que le '6' est rattaché à « Fast & Furious ».
Les incises avec tiret
Le dernier point qui est assez compliqué à gérer, c'est les incises avec tiret. Le problème évident, c'est que lorsqu'on voit un tiret demi cadratin '—' (ou un tiret en général entouré d'espaces, puisque des fois '—' et '-' sont aussi utilisés dans ce rôle) on ne peut pas (contrairement aux guillemets, par exemple) deviner sans contexte si c'est l'ouverture ou la fermeture d'une incise. On pourrait penser qu'il suffirait de compter les tirets : un ouvrant, un fermant, un ouvrant, un fermant, etc., mais parfois, une incise n'est pas refermée par un tiret — comme en fin de phrase. Le problème est, encore une, fois qu'il est dur de trouver des règles simples qui marchent à tous coups — repérer un point n'est pas suffisant, M. le petit malin ! — et qu'au final avoir une règle universelle nécessiterait de l'analyse syntaxique assez poussée – ce qui va au-delà des prétentions de mon logiciel. Je me suis au final basée, là encore, sur une heuristique « simple » :
Lorsqu'on repère le premier tiret, on suppose qu'il est ouvrant, et on insère une espace insécable derrière.
On avance alors dans le texte, et on cherche soit un tiret fermant, soit les signes de ponctuation ., !, et ?.
Si on repère un tiret fermant avant d'avoir repéré une fin de phrase, on insère une espace insécable avant celui-ci.
Si c'est un point d'interrogation ou d'exclamation, on regarde si le prochain caractère alphabétique est une majuscule, et si c'est le cas, on suppose qu'il s'agit bien de la fin de la phrase — on n'a donc pas à chercher le tiret « fermant ». Sinon, on continue à chercher.
Si c'est un point, on regarde si le prochain caractère est une majuscule. Si c'est le cas, alors on regarde le mot précédent :
Si celui-ci commence par une minuscule, on suppose que c'est un mot normal et donc une fin de phrase, on peut arrêter de chercher un tiret fermant.
S'il commence pas une majuscule, on regarde la taille du mot pour voir s'il peut s'agir d'une abréviation. Là encore, c'est une limite assez arbitraire, que j'ai fixée à 3, pour pouvoir inclure par exemple « Mme. » mais a priori exclure la majorité des noms propres (quoique la mode des prénoms courts ne m'aide pas sur ce coup-là). Si on décide qu'il s'agit d'une abréviation, on continue, sinon on a repéré la fin de la phrase et on s'arrête là.
Là encore, cet algorithme est loin d'être parfait, et on pourrait envisager d'autres solutions, la plus simple étant de repérer les abréviations dans une liste d'abréviations populaires. Ça marcherait aussi pour les unités (pour les nombres), mais le problème de cette approche, c'est qu'on s'écarte d'une heuristique simple pour rentrer dans une liste à rallonge d'exceptions et d'exceptions aux exceptions.
(L'approche consistant à toujours mettre une espace insécable avant le tiret a le mérite de régler le problème et de rendre la chose triviale. Cela dit, pour rendre les choses plus faciles, on peut aussi arrêter d'utiliser ces parenthèses du pauvre et utiliser de vraies parenthèses, où il n'y a pas d'espace insécable à gérer, toujours une fermante pour une ouvrante, et où en plus (et ça c'est ce que je préfère avec les parenthèses (si c'est votre cas aussi, je vous invite à découvrir Lisp) on peut les imbriquer. Mais bon, il y a des gens qui utilisent toujours des tirets demi-cadratins à la place, alors il faut bien le gérer.))
Conclusion
Voilà, tout ça pour dire qu'essayer d'avoir un rendu typographique à peu près correct, ce n'est pas facile. Bien sûr, un logiciel ne fera jamais aussi bien qu'un·e expert·e qui insérerait les bons caractères à la main avec minutie, mais je pense néanmoins que dans la majorité des cas, un logiciel peut faire mieux que quelqu'un qui n'est pas expert·e dans le domaine ou n'a pas l'énergie de rentrer lui ou elle-même les bons caractères insécables.
Évidemment, des fois le logiciel se plante, et les motivé·e·s pourront s'amuser à regarder dans cette page les erreurs qu'il a commises. Cela dit, dans une utilisation normale (sans afficher des couleurs différentes pour les différentes sortes d'espaces), le bon côté des erreurs avec des espaces insécables, c'est que ça a des chances de ne pas trop se voir : si l'espace avant ce précédent « deux points » était, par erreur, sécable, il y aurait encore de bonnes chances pour que ça tombe en milieu de ligne et que ça puisse passer à trav'.
Je tiens à préciser que je ne suis pas une experte en typographie : toute cette « aventure » a commencé quand j'ai découvert l'existence des espaces fines insécables sur un forum d'écrivain·e·s, et que je me suis dit :
« Youpi, je vais pouvoir rendre mes livres plus jolis !
— Ah, euh, merde, ça va être chiant d'insérer tout ça manuellement, quand même...
— Allez, j'ai qu'à coder un truc vite fait, ça me prendra pas longtemps... »
Donc voilà, tout ça pour dire que s'il y a des choses qui vous paraissent erronées dans les règles que j'ai présentées, n'hésitez pas à me le signaler.
Et si vous avez envie de jouer avec Crowbook, c'est ici.
Post-scriptum : avoir un rendu portable des espaces fines insécables
Après avoir publié cet article, quelqu'un m'a fait remarquer que les espaces fines insécables ne s'affichait pas correctement chez lui. Oups. Après avoir enquêté un peu, j'ai réalisé que ce problème semblait partagé par l'ensemble des navigateurs sous Mac, et j'imagine que c'est une histoire de polices qui n'incluent pas ce caractère.
Donc, que faire ? Virer purement et simplement ces espaces trop compliquées à gérer ? Un peu triste, tout de même. J'ai fini par trouver une alternative, en utilisant l'entité HTML  , qui est une espace fine et qui a priori est mieux reconnue. Seul souci, elle n'est pas insécable, ce qui perd un peu l'intérêt de la chose (on se rappelle que le but était d'éviter des ? ou ! orphelins en début de ligne). Heureusement, il suffit d'ajouter un peu de CSS pour dire qu'en fait, si, là c'est insécable :
<span style = "white-space: nowrap;"> </span>
Et voilà, ça marche, fabuleux. Sauf que, il vaudrait quand même mieux mettre le code unicode :
<span style = "white-space: nowrap;"> </span>
parce que, sinon, la version EPUB ne va plus être valide (l'entité   n'est pas valide en XHTML). Et en plus de ne pas être valide, en tout cas sur ma Kobo, ça fait planter l'affichage assez sévèrement. Donc, à éviter.
(Une alternative à ce remplacement des espaces fines insécables pourrait être d'inclure des polices dont on est sûre qu'elle inclut bien tous ces caractères, avec la directive CSS font-face. Cela dit, pour un fichier EPUB (qui doit intégrer ces polices dans le fichier et pas pointer vers un lien externe), ça veut dire l'alourdir considérablement, donc autant éviter.)
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